Dès le mois d'octobre, les mâles commencent à rechercher les femelles. On observe alors de grands regroupements mixtes d'animaux de tous âges.
Dans les Alpes, le plein rut ne dure qu'une quinzaine de jours et situe plutôt entre le 15 novembre et le 15 décembre.
Le rut serait déclenché par le raccourcissement de la durée du jour. Cette réduction de la photopèriode provoquerait une stimulation hormonale de la glande endocrine hypophisaire avec pour conséquence la production de spermatozoïdes chez les mâles et d'ovules chez les femelles.
Pour les mâles dominants, deux impératifs: disposer du plus grand nombre possible de femelles et évincer tout rival. La stratégie du mâle varie en fonction des populations et des massifs habités.
Photo: portrait de chamois
Les mâles marquent leur territoire à l'aide des glandes rétrocornales devenues volumineuses en les frottant fréquemment contre des rameaux d'arbustes ou sur des hautes herbes. Leurs sécrétions produisent une forte odeur musquée qui constitue un signal olfactif clair pour chaque rival potentiel. Le mâle s'asperge aussi de son urine en secouant ses flancs avec vigueur.
Pour évincer leurs rivaux, les mâles dominants possèdent toute une panoplie de postures fortement codifiées et ritualisées.
Si l'un des deux céde aux postures d'intimidation, on assiste alors à une course poursuite effrénée. Aucun obstacle ne les arrête, neige ou rochers! Les mâles en rut sont dans un tel état de surexcitation et de jalousie qu'ils foncent sans discernement sur toute forme sombre qui pourrait être un rival potentiel.
Lorsque tous les signaux préliminaires ont échoué, il ne reste plus qu'un moyen: le combat.
Chacun des adversaires cherche à frapper avec ses cornes. Sont visés les flancs ou le dessous de l'abdomen. L'issue de ces combats est rarement fatale. Au pire, le vaincu s'en tire avec une corne cassée, ou un oeil crevé.
De tels affrontements sont cependant exceptionnels, alors que chez les bouquetins, ils sont la norme.
Photo: Chèvre et chevreau (automne 2006 - Vanoise)
Le grand calme des femelles contraste avec la folie amoureuse des boucs. Une fois son harem constitué, le mâle dominant va se déplacer de chèvre en chèvre en testant leur réceptivité. La femelle, si elle n'est pas encore en oestrus refuse tout contact avec le mâle.
Les femelles en oestrus ne provoquent jamais le mâle. Vindicatif et brutal avec ses rivaux, le chamois sait se montrer doux et entreprenant quand il fait la cour à sa femelle et adopte une position caractéristique.
A moins de 5 m, il tend la tête en avant, puis avance par saccades. Il a le poitrail bombé, la tête haute, la crinière hérissée et ondulante. Il lui arrive de piaffer des antèrieurs et de chevroter en tirant sa langue noirâtre. Ses mouvements sont mesurés afin de ne pas effaroucher la femelle. Non consentante, celle-ci se dérobe.
Quand la chèvre urine, le mâle, cou en avant, tête au sol, vient renifler les taches d'urine rougeâtre qu'elle a laissé. Grâce à un odorat extraordinaire, il est sans cesse renseigné sur le degré de réceptivité de la femelle.
Le mâle hume fréquemment les effluves des femelles en adoptant une attitude caractéristique: il relève la tête vers le ciel, et cou tendu, hume longuement l'air en retroussant sa lèvre supèrieure. On qualifie cette posture de lip curl, ou on dit qu'il muse.
Le mâle en rut peut suivre la chèvre des heures durant. Cette dernière n'est en oestrus que 1 à 3 jours pendant toute la pèriode du rut. Si elle n'est pas fécondée durant cette pèriode, elle est à nouveau, hors pèriode de rut, en chaleur environ trois semaines plus tard et ainsi de suite jusqu'en janvier ou février.
Quand arrive le moment de l'accouplement, le mâle est devenu un doux solliciteur! Puis il chevauche sa partenaire enfin consentante. S'ensuit une très courte étreinte de 3 à 6 secondes.
RDV dès octobre pour les illustrations.
A suivre!!!
Bibiographie: Le Chamois et l'isard (Les sentiers du naturaliste) par Eric Weber chez Delachaux et Niestlé - La vie sauvage dans les Alpes par Eric Dragesco chez Delachaux et Niestlé.
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